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IL M'A EUE

Il m’a annoncé trente minutes avant de se retrouver qu’il avait encore du travail. Il m’a proposé de passer chez lui avant ou de décaler notre rendez-vous d’une demi-heure. Il m’a prévenue une heure plus tard qu’il partait d’une minute à l’autre. Il m’a trouvée après son retard dans le bar où j’étais depuis dix minutes. Il m’a parlée de la préparation de son départ en Égypte pour le travail. Il m’a dit qu’il bossait avec un mec qui faisait pas son taf. Il m’a raconté qu’aujourd’hui il avait dû faire le travail à sa place. Il m’a pas calculée quand j’ai commencé à boire sans lui. Il m’a raconté tous ce qu’il avait appris en étant obligé de faire le travail du mec. Il m’a dit qu’il n’était pas certain que le travail soit parfaitement fait du coup. Il m’a dit qu’il aurait voulu que ce mec ait été sûr d’avoir fait son travail parfaitement. Il m’a dit qu’il avait peur qu’il y ait des problèmes à la douane. Il m’a dit qu’il n’avait pas référencé toutes les choses présentes dans ses flight case. Il m’a dit que c’était impossible il y a un bordel immense là-dedans. Il m’a dit qu’il n’allait pas répertorier tous les stylos un à un et les rouleaux de scotch. Il m’a répondu mais que oui c’était sûr qu’il n’y aurait pas de problème à la douane. Il m’a expliqué que son client était très influent en Égypte. Il m’a fait trinquer quand il s’est mis à boire. Il m’a reparlé du livre que sa mère lui avait offert à Noël dernier. Il m’a dit qu’il avait enfin commencé à le lire. Il m’a dit qu’il était trop bien. Il m’a dit qu’il allait l’emporter avec lui en Égypte. Il m’a dit qu’il avait peur qu’on lui confisque. Il m’a expliqué qu’en Égypte on ne faisait pas ce qu’on voulait. Il m’a fait part de son idée de le mettre en soute dans sa valise. Il m’a dit qu’il pensait le finir en Égypte. Il m’a expliqué qu’il n’y avait là-bas pas d’alcool, pas de filles et pas grand-chose à faire. Il m’a dit que ses collègues parleraient probablement italien entre eux. Il m’a expliqué qu’ils étaient ainsi plus précis pour échanger sur leur travail. Il m’a expliqué que c’était un réflexe nationaliste. Il m’a annoncé qu'une fois son livre fini il l'offrirait à Pierre. Il m’a raconté qu’il avait déjà repéré un passage qui allait trop lui parler. Il m’a expliqué qu’il allait recopier le passage en dédicace du livre et lui envoyer en colissimo. Il m’a confié son espoir que ce soit la fin d’une série d’éléments déclencheurs pour Pierre. Il m’a redit que son coloc vivait juste à côté. Il m’a dit qu’hier midi le resto péruvien avec Antoine c’était trop bon. Il m’a dit qu’ils avaient trop mangé. Il m’a dit que le soir son coloc Miguel avait fait une tartiflette. Il m’a dit qu’après il avait l’impression d’être enceinte. Il m’a dit que ça s’était arrangé entre sa petite sœur et Miguel. Il m’a dit que la fume aidait bien. Il m’a dit qu’en fait Miguel allait bientôt faire une rupture conventionnelle et partir à Toulouse. Il m’a dit que pendant ces quelques mois sa petite sœur prendrait la chambre de Miguel. Il m’a dit que tout s’arrange. Il m’a demandé quand est-ce que j’allais à Marseille déjà. Il m’a annoncé que sa petite sœur y serait à la même période. Il m’a laissée regarder le match de foot sur l’écran derrière lui pour utiliser son portable. Il m’a lancé qu’il ne savait pas à quelle heure il décollait demain pour l’Égypte. Il m’a entendue espérer que la France mette un deuxième but et nous sorte de cette égalité. Il m’a dit qu’il décollait vers quatorze heures. Il m’a vue contente quand Griezmann a marqué. Il m’a dit que le foot lui il en avait rien à foutre. Il m’a raconté qu’il regardait quand même l’After Foot sur RMC avec son père. Il m’a dit que c’était trop drôle de les voir se crier dessus. Il m’a raconté que c’était parti vraiment loin pendant la coupe du monde en Afrique du Sud. Il m’a expliqué que de toute façon les émissions d’RMC c’était de la merde. Il m’a expliqué que le foot fallait le regarder dans des bars de supporters marseillais. Il m’a dit que c’était trop drôle de les voir s’enflammer. Il m’a dit en consultant son portable qu’en fait il rentrait le vingt-trois. Il m’a laissée parler. Il m’a dit qu’il avait remarqué. Il m’a dit qu’il n’allait pas me forcer. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas m’attacher. Il m’a dit qu’il pensait que ça aurait pu marcher. Il m’a dit qu’il allait payer. Il m’a laissée payer aussi. Il m’a dit adieu et appelée par mon prénom. Il m’a prise dans ses bras.